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Progresser sans prof, c'est possible ?

Ail & Gingembre
Publié par dans Apprendre à apprendre · 7 Février 2022
 
Progresser sans prof, c’est possible ?
Tout le monde n’a pas les moyens, ni la possibilité, ni l’envie de passer par un prof de musique pour apprendre à jouer d’un instrument. Et avec l’avènement des tutos gratuits sur les réseaux sociaux, on peut vite se sentir noyé, et ne plus savoir par quoi commencer.  
Voici les principes qui me semblent être les pré-requis pour se lancer dans l’apprentissage d’un instrument (et probablement d’autre chose), sans prof attitré.
1/ Ecouter et s’acculturer
Si vous voulez apprendre à jouer du tambourin italien, par exemple, vous allez devoir écouter du tambourin italien. Beaucoup de tambourin italien. Vous allez devoir écouter différents joueurs, de différents styles, de différents groupes. Pour cela, vous devez avoir sous la main une base de données. Sous format numérique (MP3), ou physique (des CD, des vinyls…), ou un abonnement sur une plateforme de streaming avec des playlists consacrées, peu importe… cette base de données doit être facilement accessible, et vous devez la consulter souvent. Ainsi, vous allez repérer un ou plusieurs joueurs qui vont devenir vos chouchous, vos idoles, et c’est EUX que vous aller imiter.  
2/ Imitez votre joueur.euse préféré.e
Au fil des écoutes, vous allez avoir des préférences pour un ou plusieurs joueurs. Parfait. Maintenant, le travail peut commencer : vous devez l’imiter dans le moindre détail. Imiter son « son », son jeu, ses petites « manies », ses ornementations, son style. Tout. Il faut passer son jeu au peigne fin et le reproduire à l’identique (dans un premier temps). Pour cela, vous devez pouvoir écouter votre joueur en train de jouer au raaaleeeennnntiiiii. Vous devez donc vous trouver un logiciel qui permette cela (AIMP3, Audacity, Cubase, ProTools, pour ne citer que quelques uns de ceux que je connais). L’idée étant de pouvoir changer le tempo ou la vitesse (en changeant la vitesse, vous allez changer aussi la hauteur, mais cela peut être aussi très instructif d’entendre l’instrument dans une autre dimension sonore, par exemple très lent et donc très grave).  
3/ Passez au peigne fin tous les détails
Prenons le chant corse. C’est un style de chant très chargé en mélismes, en petites inflections très rapides, et dont on peut décortiquer les détails au ralenti, et comprendre ce qui se passe, alors qu’à vitesse réelle, le cerveau n’a pas la capacité de décortiquer avec précision. Une fois que votre « cerveau » aura analysé ces informations, vous pourrez mieux diriger votre travail. Si vous avez la possibilité de voir votre joueur préféré jouer (soit en vrai, soit en vidéo), alors vous obtiendrez des informations supplémentaires, car sur un instrument, certains effets ne sont pas compréhensibles tout de suite, surtout lorsqu’on débute. Exemple, le trisgado au tambourin, les harmoniques naturelles à la guitare, le doigté ouvert, semi-ouvert ou fermé d'une cornemuse, le rimshot à la batterie, etc...
Lorsque votre pratique sera bien avancée, vous allez pouvoir vous détacher de votre modèle, arrêter le mimétisme, et trouver votre propre style. Si vous en avez envie du moins...
En imitant, vous vous constituez un bagage technique dans lequel vous piocherez plus tard.
4/ Enregistrez-vous
Sans cette étape où vous vous enregistrez, c’est à dire sans cette étape d’auto-évaluation, tout le travail ci-dessus sera vain, ou presque. Vous DEVEZ pouvoir vous observer. D’ailleurs, c’est ce que vous faites lorsque vous vous rendez à votre travail, ou à un rendez-vous. Vous vous regardez dans un miroir pour voir si tout est en ordre : coiffure, habits, maquillage... C’est une auto-évaluation.
Tout comme un danseur professionnel se filme ou se regarde dans la glace pour observer et corriger ses gestes et ses postures, le musicien doit s’enregistrer. Il peut aussi se filmer car les images peuvent révéler des problèmes de postures, de tenues d’intrument, d’ergonomie en somme, qui pourront freiner l’apprentissage. Par exemple, le bendir n’est pas facile à tenir en main au départ. Filmez-vous et voyez si vous ressemblez aux femmes marocaines de Marakech ! Si vous n’avez pas la même allure qu’elles, corrigez la posture !
Pour vous enregistrer, un simple dictaphone, un smartphone peut suffire. Pour vous filmer, votre caméra de smartphone sera parfaite.
Car non, votre cerveau ne peut pas faire simultanément une écoute analytique et l’exécution de cette même partie.

Si vous avez la possibilité de conserver, et de classer ces enregistrements, ils vous seront précieux si vous voulez observer des progrès. Ca fait toujours du bien de tomber sur ses débuts lorsque 5 ans ont passé. Enfin, normalement... ça fait du bien...
5/ Participez à un stage
Trouvez-vous un bon stage pour mettre un coup de boost à votre progression. Vous allez rencontrer des gens qui jouent le même instrument que vous, qui ont les mêmes difficultés que vous. Vous rencontrerez forcément des gens "meilleurs" que vous, et ce sera très instructif. Vous commencerez à établir un réseau car on ne peut pas progresser absolument seul.  
Les stages ont aussi cela de bien : vous n’avez pas la contrainte des cours réguliers (avec tout ce que ça implique de transports, de régularité à tenir, de flemmes passagères…). Lors d’un stage, le prof peut vous corriger un défaut que vous n’auriez pas vu (et c’est inévitable), il peut vous donner de nouvelles références à consulter (un site, un groupe à écouter, un autre stage, de la méthodologie liée à l’instrument…) et vous donner envie de continuer encore.
Car vous aurez besoin de motivation, de persévérance, de régularité, et de méthode ! Voyez si celle-ci vous convient !

Cette méthode n'est pas parfaite, et elle peut évoluer au fil du temps, car au bout d'un moment, vous allez certainement plafonner. Mais l'endroit où vous plafonnerez ne sera déjà pas si mal...
Progresser seul est d'une grande satisfaction. Mais sans un moral béton, on peut vite ne plus trouver de sens, et abandonner.
Il faut être habité par une très grande motivation, car c'est elle qui vous permettra de traverser les moments de stagnation, les moments où on n'avance plus, et où l'on est bloqué à un niveau qui ne nous satisfait pas encore.
Mais qui a dit qu'apprendre était aisé ?




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